Depuis l’époque carolingienne, la cathédrale de Tournai est dédiée à la Vierge Marie. Notre- Dame y est vénérée sous le titre de Notre-Dame des Malades.

Sans aucun doute la plus originale de notre plat pays, cette cathédrale est l’objet de l’admiration de tous et fait partie du patrimoine mondial de l’humanité depuis le 30 novembre 2000.

Le mot cathédrale dérive du latin cathedra qui signifie siège. Une cathédrale est l’église la plus importante d’un diocèse, c’est l’église où siège un évêque.

L’évêque y préside la liturgie lors des grandes fêtes et les chanoines, ses collaborateurs, y célèbrent l’eucharistie chaque jour de la semaine.

On y procède à l’ordination des nouveaux prêtres.

C’est également un lieu de pèlerinage.

La cathédrale est aussi un foyer de bienfaisance: la cathédrale de Tournai a donné naissance à

• un hôpital capitulaire qui accueillait les voyageurs ainsi que les pèlerins et soignait les malades guérissables,
• une léproserie au Val d’Orcq où étaient accueillis les malades incurables,
• plusieurs hospices pour les indigents.

C’est aussi un foyer culturel: la cathédrale de Tournai fut à l’origine d’une école célèbre au Moyen Age plus particulièrement pour son activité musicale (la Maîtrise de la cathédrale perpétue cette tradition). Elle possédait de plus une riche bibliothèque capitulaire.

BREF HISTORIQUE DE LA CATHÉDRALE.

Les bâtiments actuels sont le fruit d’une longue évolution. De plus, d’autres édifices ont précédé l’actuelle cathédrale qui serait la quatrième.

• En 486, Clovis délaisse Tournai pour installer une nouvelle capitale à Soissons. Il se fait représenter à Tournai par le comte Eleuthère qui serait le premier évêque de Tournai et élève vers 500 une première cathédrale.
• Vers 845, ce bâtiment est détruit et remplacé par un autre plus vaste. En 2003, un baptistère carolingien a été mis au jour sous la cathédrale.
• En ²881, les Normands dévastent cette 2^ème cathédrale qui est aussitôt restaurée.

Au milieu du XIème siècle, le groupe épiscopal est incendié. Au XIIème siècle, une troisième cathédrale de style roman est construite. La taille impressionnante de cette cathédrale romane est due au développement du culte de Notre-Dame et à la richesse de la Flandre dont Tournai est alors la capitale religieuse. De 1243 à 1255, l’évêque Walter de Marvis entreprend la construction d’une 4ème cathédrale de style gothique en commençant par le choeur. Des raisons financières l’empêchent de poursuivre son oeuvre si bien que la nef et le transept resteront romans.   Le plan supposé de la cathédrale romane. Extrait de Villy Scaff, La Sculpture romane à la cathédrale Notre-Dame de Tournai, Casterman, 1971.

Coupe longitudinale de la cathédrale. Extrait de Villy Scaff, La Sculpture romane à la cathédrale de Tournai, Casterman, 1971.

• A la fin du XIII^ème siècle lorsque débute le culte du roi Louis IX, une chapelle dédiée à saint Louis est annexée à la nef romane.
• Au XIV^ème siècle, la façade principale est précédée d’un porche monumental.

• En 1566, les iconoclastes saccagent la cathédrale.
• Au XVIII^ème siècle, le plafond de bois de la nef est remplacé par une voûte.
• En 1798, les révolutionnaires français vendent le riche mobilier.
• Mai 1940, les bombardements endommagent gravement l’édifice.
• Gravement blessée par la tempête de 1999, la cathédrale est actuellement, et pour de nombreuses années encore, l’objet d’importants travaux de stabilisation et de restauration.

Un édifice aux dimensions impressionnantes.

Plan de la cathédrale. Extrait de Jean Dumoulin et Jacques Pycke, La Cathédrale de Tournai et son trésor, Casterman, 1980.

UNE ASSOCIATION DE STYLES ROMAN ET GOTHIQUE.

A. LES CINQ TOURS.

Au nombre de cinq, les tours qui couronnent la croisée du transept évoquent le passage du style roman au style gothique.

 

	La tour du Carillon   de style roman date du XIIème siècle.	La tour Pontoise est entièrement de style roman. Son nom vient du bourbon qui y est suspendu.
La tour Brunin              marque la transition entre les styles roman et gothique.			La tour de Treille de style gothique date du XIIème et XIIIème sciècles.
	La tour centrale ou tour Lanterne, la plus ancienne, domine la croisée du transept et a pour fonction d’éclairer l’édifice, d’où son nom.

 

B. LES SCULPTURES ROMANES DES PORTAILS LATERAUX.

Aux portails latéraux on peut encore voir plus ou moins bien conservés quelques beaux exemplaires de sculpture romane du XII^ème siècle :

- à la porte Mantille : l’illustration du combat des vices et des vertus et l’évocation des privilèges qui, selon la légende, auraient été accordés à la cathédrale par le roi mérovingien Chilpéric 1^er .

- à la porte du Capitole : l’illustration de la résurrection des corps, du jugement dernier et du royaume de Dieu. Ces bas-reliefs sont malheureusement devenus difficilement lisibles.

 

C. LES CHAPITEAUX ROMANS DE LA NEF.

La nef recèle une série exceptionnelle de chapiteaux du XIIème siècle à la décoration florale, animale et humaine.

 

D. LES PEINTURES MURALES.

Assez exceptionnels sont les vestiges de peintures murales du XIIème siècle représentant une crucifixion, la légende de sainte Catherine, la Jérusalem céleste et la légende de sainte Marguerite d’Antioche martyrisée par le gouverneur Olibrius

 

E. Seul le chœur est en pur style gothique.

LES AUTRES RICHESSES DE LA CATHEDRALE.

• LE JUBE.

Le chœur gothique est fermé par un jubé de style Renaissance de 1572, œuvre de Corneille DE VRIENDT dit FLORIS.

Ce jubé décoré de scènes tirées de l’Ancien et du Nouveau Testament adopte l’apparence d’un arc de triomphe.

Les vitraux. La cathédrale possède encore quelques vitraux anciens des XVème et XVIème siècles. Dans la chapelle Saint-Louis, les vitraux du XVème siècle représentent des saints. Dans le transept, les vitraux du XVIème siècle illustrent l’origine légendaire de la souveraineté de l’évêque et du chapitre ainsi que la séparation des évêchés de Noyon et de Tournai en 1146. Vitrail illustrant les privilèges attribués au chapitre cathédral.Partie sud du transept. Ce vitrail du XVIème siècle illustre la perception des différentes taxes (taxe de franchissement d’un pont, taxe sur les étals des marchés, les boissons…) par le chapitre cathédral.

• LE TRESOR.

Quant au trésor, il recèle lui aussi de grandes richesses parmi lesquelles des châsses, des ivoires, des tapisseries, des manuscrits, des reliquaires et une croix byzantine des environs de l’an mil.

La châsse de saint Eleuthère

 

Les Tournaisiens sont tellement fiers de leur cathédrale qu’elle a inspiré l’artiste créateur d’une maquette réalisée en pinces à linge actuellement exposée dans l’édifice .

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