L’APPARITION DU POUVOIR COMMUNAL A TOURNAI.

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COMMENT UNE VILLE DEVIENT COMMUNE AU MOYEN AGE.

L’accroissement de la population dès la deuxième moitié du Xème siècle va entraîner progressivement le développement du commerce tant local qu’international.

Leur richesse consistant en biens mobiliers, les marchands recherchent la sécurité en se regroupant dans des lieux solidement fortifiés.

D’autre part, pour faciliter la circulation des marchandises, les marchands s’installent le long des voies de communication (fleuves, croisement de routes, croisement d’une route et d’un fleuve, bord de mer).

Ainsi naissent ou vont se développer de nombreuses villes.

A l’encontre des habitants de la campagne qui restent isolés et soumis à l’arbitraire des seigneurs propriétaires des terres, les marchands enrichis par le commerce se regroupent très tôt en associations (gildes, charités) qui ont à la fois un caractère religieux (elles se placent sous la protection d’un saint, ont un autel à l’église et une place dans les processions) et pour but de défendre les intérêts professionnels des membres.

Pour prospérer, le commerce a besoin de jouir de certaines libertés. Aussi ces associations de riches marchands vont-elles réclamer des franchises aux seigneurs:

Les villes qui obtiennent l’indépendance politique, le droit de percevoir des impôts et une justice souveraine deviennent des communes.

Les communes ne sont toutefois pas affranchies de tout lien féodal : elles deviennent des vassales collectives.

 

TOURNAI se libère PROGRESSIVEMENT du pouvoir épiscopal.

Du début du VIème à la fin du XIème siècle, le pouvoir temporel des évêques de Tournai et du chapitre cathédral n’a cessé de s’agrandir.

Au début du Xème siècle, la ville de Tournai se repeuple et en 910-911 sont créés deux échevinages distincts (un sur chaque rive du fleuve) composés chacun de 7 membres choisis parmi les citoyens qui se sont placés dans un lien de dépendance personnelle vis-à-vis de l’église locale (chevage) moyennant le paiement annuel d’une redevance et la prestation de serment à l’évêque. Ces échevins présidés par deux officiers épiscopaux, un avoué et un châtelain, sont chargés de régir la cité des points de vue administratif et judiciaire.

En 1147, suite au développement de la démographie et de la puissance économique de la ville grâce au commerce d’exportation de produits textiles et de la pierre, les habitants de Tournai se libèrent de la tutelle féodale et temporelle des évêques et s’érigent en commune jurée. Cette libération est l’œuvre progressive de la Charité Saint Christophe, une association qui, regroupant tous les marchands locaux et tous les habitants qui possèdent un minimum de fortune, revendique des droits nouveaux mieux adaptés à l’évolution sociale et économique. Désormais, 13 jurés, puis 30, parmi lesquels deux prévôts présideront les assemblées et exécuteront les décisions de celles-ci. Ce sont les chefs tout-puissants d’une commune qui, si elle se présente comme une vassale collective de l’évêque, n’a que des liens fort lâches avec le suzerain.

En 1188, le roi de France Philippe Auguste met fin officiellement à l’autorité temporelle de l’évêque de Tournai en rendant la ville libre et indépendante (le roi ne se désignant aucun représentant dans la ville, celle-ci jouit d’une grande indépendance). Il lui accorde une charte qui fait de la ville une vassale directe du roi de France et lui octroie notamment le droit exceptionnel de posséder une cloche communale placée en un endroit adéquat et que les mandataires communaux pourront utiliser librement pour toute affaire concernant la ville.

Jusqu’en 1211, jurés et échevins sont recrutés à vie par cooptation. La magistrature urbaine est détenue par de grands propriétaires et de riches marchands.

En 1211, Philippe Auguste promulgue une seconde charte qui modifie les dispositions relatives à la nomination des jurés et échevins : ceux-ci sont élus annuellement par 30 électeurs (eswardeurs), ces derniers étant à leur tour désignés par les chefs des grandes familles marchandes et patriciennes. Les électeurs deviennent échevins l’année suivante, les échevins devenant ensuite jurés.

La ville est désormais gouvernée par 4 consistoires :

Ces 4 consistoires forment les consaux qui siègent dans la Halle des Consaux, halle qui sera détruite dans le cours du XIXème siècle.

Dans le fond, la Halle des Consaux

 

En 1212, le roi Philippe Auguste instaure en outre un Conseil des 300 qui tient lieu d’assemblée générale et prend des mesures d’ordre général avec les consaux.

Le système instauré en 1211 n’est démocratique qu’en apparence. Il constitue en fait comme par le passé un régime oligarchique et le pouvoir reste aux mains d’un patriciat urbain composé de chevaliers et de bourgeois enrichis par le commerce du drap et de la pierre.

En 1280, les patriciens tournaisiens fondent la Confrérie des Damoiseaux dont les membres sont recrutés dans la haute bourgeoisie et se succèdent de père en fils.

Durant un siècle et demi, cette confrérie constituera une caste investie du monopole des fonctions publiques.

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